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samedi 16 juillet 2011

Des nouvelles de la Bastille

Depuis le 14 juillet, la place est prise :-). Après une marche de Belleville à Bastille, en passant par Père Lachaise, ce sont 500 Indignés de Paris avec à leurs côté des Indignés de plusieurs autres villes de France et pays d'Europe qui sont monté sur les marches de l'Opéra. Ces marches étaient interdites depuis le rassemblement du 29 mai...

Après une AG de deux heures, un campement a été installé à côté sur le terre plein, et depuis il tient.

Tout ces projets avaient été déclarés préalablement et rigoureusement dans les règles. La préfecture n'avait jamais accepté de recevoir les indignés, sinon à la condition de renoncer au rassemblement de nuit qu'elle disait ne pouvoir "cautionner". Mais en l'absence d'arrêté préfectoral, il n'y avait pas d'interdiction. La préfecture déclarait pourtant la veille du 14 à un autre collectif militant (Free parade) que pour elle "rien ne se passait le 14 juillet concernant les Indignés". L'inquiétude des militants n'avait cessé de grandir dans les derniers jours, et c'était sans doute l'objectif de la préfecture. De multiples plans de replis avaient été envisagés, on se demandait s'il y aurait dispersion dès 14h...

Finalement, le jour J à Belleville, la police brillait... par son absence. Juste quelques RG en civil pour nous observer... La marche n'était pas interdite, ni "cautionnée", mais boudée par la préfecture. Aucune voiture de police pour bloquer la circulation afin de libérer la voie aux manifestants. Nous avons donc appris ce jour là que* nous n'avions pas besoin de la préfecture pour manifester*. Nous nous sommes autogéré et c'est notre service d'ordre (dit "respect") qui a coupé la circulation. Cela s'est plutôt bien passé. Les routiers accueillaient favorablement la manifestation et acceptaient plutôt facilement de nous laisser passer. En tête de la marche, les quartiers populaires... Les sans culotte des années 2000, comme les appelle l'amie des quartiers.
Quand le cortège a déboulé de la rue de Roquette, un cordon rouge et blanc (première réapparition policière) l'a détourné vers le boulevard Richard Lenoir près de la Bastille. On s'est pausé sur le boulevard. Un moment d'hésitation. Puis tout le monde repart, traverse, va sur le rond point, au pied de la grande statue, re-traverse, et se retrouve enfin sur la fameuse place de la Bastille...
L'interdit est bravé, nous revoilà chez nous : sur les marches ! Moment de satisfaction, de joie, de légèreté. On a réussi. Oublié le repli sur le boulevard Lenoir, les prises de têtes qui y avaient déferlé, le stress des derniers jours... Il semble que l'on a retrouvé l'ambiance du 29 mai...
Le rassemblement sur la place a bien été déclaré, et n'a pas été interdit. La police ne peut qu’acquiescer devant le fax qu'on leur a adressé le jeudi 7 juillet. Reste la question des marches, qui appartiennent à l'opéra : espace privé et non public, qui ne rentre pas dans le périmètre de la déclaration. Une visite de courtoisie s'impose auprès du directeur. M. Lecomte nous accueille chaleureusement... On le fera applaudir à l'AG.

Les échanges commencent, mais les gendarmes ne tardent pas finalement à gagner le haut des marches. Sous la pression de la police, M. Lecomte a retourné sa veste. On le fait huer. Les gendarmes commencent à pousser les manifestants pour les faire descendre. La légalité du rassemblement, et l'accord qui avait été trouvé avec l'opéra, sont rappelés, martelés plusieurs fois au micro. Finalement, les gendarmes arrêtent de pousser. Pour la première fois, ils ont été arrêtés dans leur geste. L'AG peut commencer.
On tiendra deux heures sur les marches, avec des prises de paroles successives de différentes villes mobilisées et qui témoignent devant l'assemblée : Bordeaux, Marseille, Lille, Paris, Liège, Orléans... Il y a eu aussi l'intervention d'espagnols, et d'un états-unien.
Les prochaines échéances internationales ont été rappelées : 15-17 septembre pour le pacte euro+ et l'arrivée de la marche de Madrid à Bruxelles, 15 octobre pour la journée mondiale d'action... A 19h, la décision est prise de descendre des marches pour aller sur le terre plein, où une autre déclaration prenait le relais, cette fois ci pour 4 jours continus. C'est là que s'est monté le campement. Trente personnes y ont dormi du 14 au 15, à la belle étoile.

Sans arrêté préfectoral, la police n'a pu se résigner "qu'"à nous interdire les tentes, et les banderoles. En attendant de voir si ces interdits sont légaux, les campeurs sont de toute façon là, avec leurs sacs de couchages, un point d'information et d'accueil, des cartons-panneaux d'expressions, une guitare, une sono, de la musique, un jeu de chamboultou (pour chamboulter dsk, sarko et bettencourt). Depuis le soir du 14, il y a eu un bal (rejoint par la free parade ainsi que par quelques légionnaires...), des réunions pour autogérer le nouveau lieu de vie, une formation à la désobéissance civile qui s'est spontanément organisée, un débat sur nos droits avec le syndicat national de la magistrature, animé par la commission juridique...
Parmi les passants certains, curieux lisent nos cartons, et parfois s'arrêtent aux réunions. Le chamboultou a connu un succès immédiat et important.

Demain samedi 16, c'est rencontre internationale et AG à Botzaris, où se trouvent des tunisiens sans papiers. La question de la coordination nationale et internationale devrait y être discutée, les attentes sont importantes. Dimanche, programme libre...

Le campement se terminera le dimanche à 19h. Il doit donner le temps aux indignés des différentes villes de se connaître, et re-dynamiser le mouvement avant une rentrée bien remplie. La marche de Madrid, qui devrait emmener certains d'entre nous, arrivera très vite, ainsi que les mobilisations de septembre et octobre. Peu à peu, le mouvement se construit...

Democracia real ya - Prenons la place Toulouse

mercredi 6 juillet 2011