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samedi 4 juin 2011

les émissaires spontanéEs partis à Barcelone

Rapport sur le mouvement 15-m à Barcelone
En Espagne, le mouvement part d’un malaise économique et politique. La population est victime de la crise et les acteurs politiques, au lieu de sauvegarder la cohésion sociale, ont orienté leurs politiques vers l’austérité (comme dans beaucoup de pays d’Europe et du Monde). Comme en France et dans les pays d’Europe, les politiciens ne font qu’appliquer la politique néo-libérale fomentée dans les coulisses de Bruxelles et ne sont que des portes-paroles de cette politique qu’ils imposent aux citoyens des différents pays de l’Union Européenne.
Ce mouvement a pris une telle ampleur pour deux raisons :
-          Les difficultés économiques touchent tout le monde (jeunes, familles, personnes âgées, étrangers…..)
-          La seule réponse a été la répression ou la marginalisation (violences à Barcelone, articles renvoyant le mouvement à une question d’autonomie ou de défaite de la gauche)

La mise en place du campement est un facteur d’amplification intellectuelle et matérielle du mouvement. La place se remplit chaque soir à partir de 19h jusqu’à 23h.
A 19h, se tient l’assemblée des commissions. Celles-ci présentent leur travail de la journée, les réflexions abordées et les propositions d’actions (conférences, textes, création de nouvelles structures etc….).
A 21h, se met en place le rituel suivant : les barcelonais se rejoignent avec des casseroles, des sifflets, des clefs et font du bruit pendant plus d’1h. Ce rituel permet de rappeler le ras-le-bol des indignés. En effet, ceux-ci ne restent pas forcément après ce rite : beaucoup repartent à leurs occupations personnes, familiales ou autres. Cette action permet de rappeler la solidarité des barcelonais avec l’action des indignés et d’alerter la population sur le mécontentement général.
A 22h commence l’assemblée.
Les intervenants disposent de deux minutes pour présenter leur indignation, leurs projets, leurs propositions, leurs critiques etc…..Ces assemblées ne donnent pas forcément lieu à un vote ni à un débat. Les tours de parole sont pris par les organisateurs et les intervenants font la queue jusqu’à ce que viennent leur tour.
La délégation de toulouse a pu présenter rapidement le mouvement en expliquant d’une part l’expulsion du camp de Toulouse mais aussi notre détermination à continuer le mouvement dans toute la France en rappelant que chaque soir les Parisiens sont réprimés mais qu’ils reviennent. Nous n’avons pu exposer plus longuement l’état de notre mouvement en raison de la limitation du temps de parole. Toutefois, nous avons pu remettre notre tract ainsi que les contacts nécessaires. De leur côté, ils nous ont donné les nôtres pour poursuivre la convergence des luttes.
L’assemblée se termine à 23h pour respecter le voisinage et permettre aux campeurs de se reposer.
Le camp
                Le camp de Barcelone est composé de 21 commissions.
Chaque commission comporte des sous-commissions qui sont chargées chacune d’une fonction découlant logiquement de la commission.
                Les commissions peuvent être classées en trois catégories :
-          Les commissions propres au campement :
o        Infrastructures
o        Cuisine
o        Informatique
o        Vie en collectivité
-          Les commissions propres au fonctionnement du mouvement :
o        juridique
o        organisation des assemblées
o        communication et presse
o        action et activités
o        internationales
o        diffusion
o        convergences
o        extension
-          Les commissions propres à la structuration idéologique du mouvement :
o        Education
o        Economie
o        Santé
o        Féministes
o        Audiovisuelle
o        Alternatives
o        Théâtre
o        Diversité
o        Ambiance

1)      L’organisation du camp
Le camp est organisé à partir de certaines commissions qui sont spécialement chargées de collecter le matériel nécessaire au camp, la répartition des espaces (habitations, espace de débats) et l’hygiène du camp.
a)      L’hygiène du camp
Le camp dispose de toilettes chimiques mobiles  qui sont réparties aux trois sorties du camp.
Des équipes de nettoyage sont prévues le matin, après le déjeuner et après le débat du soir. Elles balayent le camp, changent les poubelles et rappellent aux campeurs leur devoir de nettoyer leur propre espace.
Des éviers  pour le nettoyage des ustensiles de cuisine sont en libre accès. Chaque campeur peut laver sa vaisselle et l’équipe chargée de la cuisine collective nettoie les plats utilisés pour la confection du repas
Le camp dispose de poubelles classées pour assurer le tri sélectif.
Certains déchets sont immédiatement recyclés (ex : les canettes de bières sont transformées en cendriers qui sont mis gratuitement à la disposition des campeurs)
b)      Ravitaillement du camp
Du matériel (draps, couvertures, tentes) peuvent être mises à la disposition des campeurs à condition de les restituer en partant. Ce matériel est la plupart du temps donnés par des sympathisants, mais il vient aussi de la récupération.
Le camp dispose en outre d’une cuisine collective,. L’équipe « cuisine » se charge de la récupération du repas et de la confection du repas. En principe, le repas est prioritairement donné aux personnes travaillant dans les commissions. En cas de surplus, le repas est distribué aux autres personnes présentes sur le camp. Ce fonctionnement a fait l’objet de critiques : le dernier jour où nous étions présents sur le camp (samedi), le repas a été distribué à tous.
c)       Sécurité et tranquillité du camp
Le camp obéit  à des horaires. Le lever a normalement lieu à 9h et le coucher à 0h00. Des personnes se chargent soit du réveil des campeurs soit de l’extinction des feux. Lorsque des personnes font trop de bruits, ils sont immédiatement alertés sur le respect des gens qui dorment.
En principe, l’alcool est déconseillé sur le camp pour éviter les rixes et les bruits pendant la nuit. Cependant, il n’y a pas d’interdiction formelle.
Parfois, il y a eu des problèmes en raison de vols commis sur le camp. En cas de disputes, les gens interviennent directement pour calmer le jeu. Par exemple, une fois, une personne a sorti un couteau mais l’a rangé immédiatement car des personnes sont venus calmer le problème.
Le camp est ouvert tout le temps. Toutefois, grâce aux personnes qui se chargent de la tranquillité, il est très facile d’empêcher des personnes extérieures de venir déranger les campeurs.
2)      L’organisation du mouvement
Le mouvement s’organise à travers le campement. Pendant la journée, les différentes commissions travaillent sur les sujets relevant de leurs champs d’action. Ils organisent parfois des débats, conférences auxquels sont invités tous les sympathisants. Certaines actions ont lieu pendant la journée. En général, il y a un appel à action ainsi que des affiches prévenant quelques jours à l’avance des modalités et du lieu de l’action. Pendant notre séjour, nous avons vu ces actions :
-          Action devant SEAT : les personnes se sont réunies avec des casseroles, des sifflets pour rappeler au géant espagnol de l’industrie automobile le manque de création d’emploi
-          Action devant le Conseil de l’Intérieur de la Région de Catalogne : suite aux violences policières, le mouvement a immédiatement prévu deux actions. Une pétition demandant la démission de PUIG (conseil de l’intérieur commandant la police régionale « Mossos Squadra ») ainsi que la collecte des témoignages, photos et vidéos pour intenter une action pénale contre les policiers qui sont intervenus. Il y a là-dessus un problème : en principe, les policiers portent un numéro d’identification. Or, lors de la tentative d’expulsion du camp, les policiers ne portaient pas ce numéro.
Le dimanche à 18h, nous nous sommes réunis devant le Conseil de l’Intérieur pour demander la démission de PUIG. Parmi les slogans, les barcelonais scandaient « où est ta plaque d’identification » tout en brandant leur carte d’identité nationale. Ce sitting a duré 2h puis les manifestants, qui se chiffrent facilement à 1000 personnes, ont défilé du conseil de l’intérieur à la place catalogne. Sur le parcours, les barcelonais apportaient leur soutien en se présentant à leurs balcons, en rejoignant le cortège ou en klaxonnant de leurs voitures. Arrivé devant le campement, les manifestants se sont arrêtés devant le Consulat de France et ont apporté leur solidarité contre les arrestations et violences policières ayant eu lieu à Paris et autres villes.
-          Action devant le Parlement de Catalogne

A la fin du séjour, les barcelonais ont reconduit le principe de l’occupation tout en suggérant de monter un camp devant le Parlement de Catalogne.

Dans les quartiers, des assemblées hebdomadaires sont organisées afin d’amplifier le mouvement.

3)      L’avenir du mouvement
En Espagne, ils prévoient de réunir différents membres des différents campements à Madrid pour faire un point général sur le mouvement espagnol et décider des modes d’actions pour nationaliser le mouvement qui n’est à ce jour qu’à l’état local.
Des campements ont lieu dans toute l’Espagne, malgré que les médias se concentrent sur les campements de Madrid et Barcelone. En outre, certains mouvements, en dehors des indignés, existent : par exemple, à Grenade, il y a le mouvement des indigné-e-s, mais aussi des bénéficios.


Quelques constats et propositions suite à ce voyage d’observation

En France, le mouvement est loin d’être identique au mouvement espagnol. En effet, il n’y a pas de représentativité des luttes actuelles ; il se contente de crier son indignation sans développer les causes de celles-ci et les tendances du mouvement. En France, il y a peu de commissions qui sont mises en place et elles se limitent à des structures organisationnelles (communication, animation et logistique). Si ces structures sont nécessaires, elles sont insuffisantes car elles ne permettent pas de développer les causes de notre indignation et de mettre en place un mouvement contestataire suivi ou non de revendications.
Pourtant, la France porte depuis cinq ans de nombreuses luttes contre les politiques libérales et d’austérité (Sécurité Sociale, Casse de l’Hopital public, Retraites, Loi Responsabilité des Universités, Décret Pécresse, Décret Darcos, Réduction des prix pour la restauration du pouvoir d’achat, Logement, Grande précarité, Lutte contre les lois relatives aux étrangers, Lutte contre le racisme, la xénophobie….) et les réductions des libertés (HADOPI, LOPPSI, Peines planchers, rétention de sûreté, Obligation de traitement imposés au délinquants et criminels récidivistes, discrimination selon la qualité des victimes, sans papiers, demandeurs d’asile, répression des mouvements sociaux…..)
L’intégralité de ces luttes sont portées de manière catégorielle par des collectifs, des syndicats ou des partis. L’ensemble de ces personnes présentes lors de ces luttes sont indignées par notre échec et l’incapacité des hommes politiques et de certains syndicats à porter notre voix auprès des institutions qui œuvrent pour un programme de libéralisation et de privatisation croissante de notre société.
Lors de la dernière réunion, il a été mis en place des sujets clefs et les questions qui en découlent.
Il est temps de restructurer notre mouvement et de l’étendre à l’ensemble des luttes qui ont échouées et de montrer à tous les indigné-e-s quelqu’ils soient que le mouvement va remettre en face des politiques les contestations qui ont été étouffées jusqu’à ce jour.
A travers les commissions proposées ou à proposer chacune d’elles devra mettre en place un réseau pour alerter la population sur les problèmes économiques et sociaux qui nous touchent et préparer ainsi des débats et les futures commissions qui seront présentes sur le futur camp des Indignxs de toulouse.
Idées pour le mouvement toulousain
-          Remettre en place rapidement un point d’information à Capitole pour diffuser l’information, installer les commissions et assurer la logistique
-          Communiquer sur l’atteinte à nos libertés (levée autoritaire du camp, invitation de la mairie à ne plus venir à Capitole en journée, confiscation de notre matériel de lutte, confiscation de l’expression des toulousains) et orienter via une commission juridique les actions envisageables (action contre la mairie ? action pour récupérer nos affaires ? action pour obtenir la reconnaissance de notre liberté de réunion à Capitole…)
-          Repenser les moyens de protéger notre mouvement
-          Mise en place de pétitions contre les arrestations, les levées des camps….
-          Organiser une fois par semaine une assemblée populaire dans les quartiers de Toulouse
-          Rédiger des communiqués :
o        Pourquoi nous sommes-là ?
o        Pourquoi nous voulons occuper cette place ?
o        Comment nous indigner ?
o        Appel à tous les indignés présents dans les luttes syndicales, associatives….à rejoindre le mouvement

Pour réorganiser le mouvement, voici quelques propositions sur les commissions avec les fonctions assignées à chacune d’elles :
-          Commission communication
o        Gestion des sites internet
o        Communication interne
§         Calendrier
§         Organisation journalière-
o        Communication externe
§         Mouvements (envoi des actions de toulouse aux autres mouvements, répertoire des actions en France, en Europe et dans le monde)
§         Revue de presse locale, nationale et internationale
§         Traduction des communiqués
§         Analyse politique des mouvements et communiqués
-          Commission logistique
o        Gestion des repas
o        Gestion du matériel
o        Appel à moyens matériels et humains
o        Relevé des personnes disponibles
o        Création d’un fichier contacts (mails et mobiles/fixe)
o        Rédaction des règles du mouvement
o        Organisation de la mise en place des groupes de travail et des commissions
o        Organisation des débats, conférences….
-          Commission démocratie réelle
o        Tenue des assemblées
o        Rédaction des rapports
o        Analyse démocratique du mouvement toulousain
o        Liens entre le mouvement des indignés et des luttes locales (1er travail : répertorier les luttes, les modes d’actions, invitation à nous rejoindre)
-          Commission juridique
o        Information de nos droits et libertés mises en œuvre dans le mouvement
o        Pétition contre l’expulsion et pour le droit d’occuper la place du Capitole
o        Recueil des décisions rendues en faveur des mouvements de démocratie réelle (ex : bayonne)
o        Gestion de la légal team (avocats : brel et laspalle)
o        Communication sur les droits sociaux, le droit des étrangers…
-          Commission éducation
o        Relancer les réseaux des professeurs et instituteurs bafoués par les décrets Darcos et Pécresse
o        Mise en place de débats sur l’éducation actuelle (état des lieux, alternatives….)
-          Commission économie
o        Analyse de la situation économique locale, nationale, européenne et mondiale
o        Rappels des problèmes économiques : chômage, précarité, privatisation de l’Etat et des services publics…..
-          Commission Alternatives
o        Quelles alternatives existent ?
o        Comment les rendre légitimes et intelligibles auprès de tous ?
-          Commission Logement
o        Droit au logement
o        Droit à l’hébergement d’urgence
o        Critiques de la spéculation immobilière (responsable majeure de la crise)
o        Pétition pour l’application de la loi de réquisition
o        Pétition contre l’accession sociale à la propriété et la casse du dispositif S.R.U.
-          Commission sociale
o        Etat de la fracture sociale
o        Réflexion sur les solutions et les modes d’actions pour y mettre fin
-          Commission action politique
o        Modalités des actions
§         Flash mob
§         Manifestations
§         Communiqués
o        Modalités de protection du mouvement
o        Apprentissage des modes de désobéissance civile
-          Commission activités
o        Invitation d’artistes
o        Théâtre de rue
o        Concerts
o        Ateliers menuiserie, recyclage….
o        Vélorution
Democracia real ya - Prenons la place Toulouse

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