Comme vous le savez sans doute le camp du Capitole a été évacué, et deux semaines d'expression populaire confisquées. Nous étions 200 à nous réunir ce soir, tous un peu secoués, et nous avons dû tirer les leçons de ce coup dur: un appel puissant et international a retenti, auquel les espagnols et les grecs ont répondu par millions, et nous nous sommes précipités. Mais après plus d'une semaine de mobilisation, tous les jours pour certains, force est de constater que le déclic ne sera pas automatique comme en Espagne ou en Grèce, et que nous avons atteint les limites de la spontanéité. Comment ne pas penser au message en français vu dans la foule grecque: "Chut, les français dorment; ils rêvent à 1968". Et oui, trop peu de monde encore pour rester 24h/24, et surtout pour résister à une intervention policière: les 845 personnes "aimant" la page facebook concernant les indignés de Toulouse, par exemple, ne se sont clairement jamais retrouvés au même moment sur le Capitole... Parallèlement nous continuons tous à croiser chaque jour d gens ne sachant même pas ce qui se passe en Espagne. Soyons réalistes, cela concerne une grande partie de la population. Et la désinformation d grands médias continue. Pourtant il se passe actuellement de grandes choses, de belles choses, un peu partout en France (29 rassemblements répertoriés aujourd'hui) et dans le reste du monde.
Dès lors il nous fallait prendre des décisions: était-ce là l'arrêt du mouvement? Il semble que cette idée n'ait pas été envisagée bien longtemps, si elle a seulement été envisagée. Non, nous avons admis que la plupart des gens n'étaient toujours pas au courant, et qu'il était urgent de se re-mobiliser en se recentrant sur la diffusion, sans pour autant abandonner les débats d'idées. Mais l'urgence est là: il nous faut mobiliser les gens, qu'ils comprennent bien qu'il ne s'agit pas là d'une simple et énième manifestation, mais une vraie tentative de reprise en main, de la démocratie et plus généralement de nos vies, ainsi que du monde dans lequel nous souhaitons évoluer. Qu'on ne peut pas se contenter de savoir qu'il y a pire ailleurs, et qu'il n'est pas nécessaire d'attendre les 45% de chômage chez les jeunes comme en Espagne pour s'indigner, nous avons déjà tant à faire!
Les gens présents ce soir se sont montrés très motivés à continuer l'action en se recentrant sur la diffusion, là aussi beaucoup semblaient avoir compris que la réaction n'était pour le moment pas assez massive pour qu'un grand élan collectif porte à lui seul le mouvement en balayant les soucis bassement terre à terre d'organisation- enfin d'auto-gestion... ;-) : nous sommes encore trop peu et devons également porter des initiatives individuelles; plusieurs personnes ont donc lancé d actions très concrètes, toutes ayant le même but: rassembler. Encore et encore. Ainsi concernant la journée de demain, un rendez-vous a été fixé à 18h30 au Capitole, pour une action collective de diffusion sur le thème des automates. Le parcours sera décidé sur place, une caméra sera là, et les participants (et ceux qu'ils auront convaincu au passage bien sûr!) rejoindront par la suite le rassemblement sur le Capitole. Un autre rendez-vous a été fixé à 18h, pour réfléchir sur le mouvement et de la stratégie à adopter. L'idée d'une bibliothèque a été évoquée, avec une première expérience demain. L'idée d'utiliser un rétro-projecteur a été également lancée, reste à trouver des techniciens! Un groupe de musique a été également annoncé pour demain! D'autres ont pris un paquet de tracts pour le diffuser au maximum dès demain. Une collecte a été faite et assez d'argent récolté pour en imprimer d'autres en nombre, ce sera fait demain. Autre décision et pas des moindres, celle de tenter de continuer à partager ensemble un repas le soir après l'AG. Parce que continuer à créer du lien, direct, c'est important. Tout de suite des volontaires se sont présentés, pour la récup' sur les marchés et la cuisine à partir de midi. Les Restos du Coeur seraient apparemment prêts à nous rejoindre, pour la soirée de demain si j'ai bien compris. Au moment où je partais vers 21h30, il semblait que les campeurs aient décidé de l'endroit où ils passeraient la nuit. Bref, malgré la déception d'avoir dû, pour le moment, quitter le campement, chacun a tenté de se remobiliser en fonction de ses possibilités, nous avons là je crois le moyen de "transformer l'essai". C'est donc parti pour une diffusion la plus massive possible afin de rassembler le plus de gens possible aux rassemblements quotidiens, jusqu'à ce week end où un nouvel appel a été lancé au niveau européen: nous pourrons à cette occasion recompter nos forces et décider à ce moment là si oui ou non nous sommes non seulement capable de prendre la place, mais également de la garder...
Bon courage à tous!
Democracia real ya - Prenons la place Toulouse
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